Sortie en salles le 10 décembre 2008
« LA REDÉCOUVERTE D’UN FILM-PHARE. » LE MONDE
« LE FILM EST DEVENU CULTE. SA VIOLENCE RESTE INTACTE. » CHARLIE HEBDO
Allemagne, mère blafarde – dont le titre est extrait d’un poème de Bertolt Brecht – puise son origine dans les souvenirs que la réalisatrice a conservés de sa propre mère durant l’époque nazie et l’immédiat après-guerre. Helma Sanders-Brahms fait habilement s’entrelacer l’histoire collective, celle d’un pays en ruines rongé par le nazisme, et l’histoire personnelle. À la fois conflit et questionnement sur l’impossibilité de vivre en Allemagne sans faire abstraction de ses maux, la cinéaste élabore une oeuvre poignante et d’une obsédante poésie, mêlant subtilement autobiographie, essai politique et chronique familiale.
Autobiographie, mémoire et fiction
« Lene et moi. Moi et Lene. Au beau milieu de la guerre. » Allemagne, mère blafarde, réalisé en 1980, dont le titre est extrait d’un poème de Bertolt Brecht, est en partie fondé sur les souvenirs que la réalisatrice a conservés de sa propre mère durant l’époque nazie et l’immédiat après-guerre. En ce sens, Allemagne, mère blafarde fait habilement s’entrelacer l’histoire collective, celle d’un pays en ruines rongé par le nazisme, et l’histoire personnelle, « l’histoire des femmes qui ont fait que la vie continue, pendant qu’on occupait les hommes à tuer. ». Cette dimension autobiographique du film est d’ailleurs mise en perspective par le fait que la petite fille de la réalisatrice y joue le rôle de l’enfant, Anna.
Dans son émouvante complexité, l’œuvre est à la fois un questionnement sur l’impossibilité de vivre en Allemagne comme si rien ne s’était passé et un conflit : « Mon histoire est celle d’un conflit, entre mère Allemagne, le pays où je suis née qui sème alors partout la guerre en Europe, et une femme que j’aime, ma mère, Lena, qui a traversé cette époque avec un courage extraordinaire. ». Ainsi, la cinéaste élabore le montage de son film à partir de scènes fictives, entièrement scénarisées, et d’images documentaires qui reviennent comme un leitmotiv et confèrent au film toute son obsédante poésie : ce sont souvent des prises de vue aériennes d’un Berlin en ruines, ville décharnée et fantomatique. Ce décalage donne au film toute sa beauté, entre documentaire et fiction, aux accents autobiographiques.
« J’ai compris que cette fois, c’était ça la guerre, la guerre que j’avais vue dans les premières années de ma vie, que c’étaient les images qui remontent parfois dans mes rêves et que j’essaie de maîtriser en faisant ce film. ».
À la fois autobiographie fictive, œuvre politique, chronique familiale et témoignage bouleversant d’un temps maudit, Allemagne, mère blafarde gagne en intensité grâce à la musique cristalline écrite par Jürgen Knieper, grand compositeur de musiques de films qui collabora notamment avec Wim Wenders.