BERLIN ALEXANDERPLATZ

BERLIN ALEXANDERPLATZ
 

Un film de Rainer Werner FASSBINDER | Drame | Allemagne | 1980 | 930mn

Vote 5

Franz Biberkopf vient de sortir de la prison de Berlin-Tegel où il avait été emprisonné pour le meurtre de son amie Ida. Il commence alors une nouvelle vie, se jure de rester honnête. Il retrouve quelques amis et cherche un soutien auprès de ses différentes maîtresses. Dans son entourage, il y a Eva, son amie de toujours, Lina, une Polonaise rencontrée dans la brasserie où Franz est un habitué, et sa propriétaire, Madame Bast. Mais à Berlin dans les années 1927-28, la vie est rude et le travail rare. Il ne trouve pas sa place, et après la trahison d’un collègue, se réfugie dans l’alcool. Après une longue dépression, il retrouve le goût de se battre avec Reinhold, un type mystérieux qui le fascine. Malheureusement, Reinhold n’est pas toujours bien intentionné et va faire la ruine de Franz en le poussant à des actions illégales et lui prenant même Mieze, sa bien-aimée. Franz n’a alors plus rien à faire dans cette société.

Sortie en salles le 06 octobre 2007

Sortie en Coffret DVD collector le 03 octobre 2007


Tournée pour la télévision entre 1979 et 1980, la série Berlin Alexanderplatz (en 13 épisodes et 1 épilogue) est basée sur le célèbre roman d’Alfred Döblin et décrit la vie des bas-fonds à Berlin aux jours sombres de la République de Weimar. Berlin Alexanderplatz n'est pas simplement le film le plus ambitieux de R.W. Fassbinder : il constitue l'obsession d'une vie, celle du réalisateur face à l'œuvre de Döblin, et est considéré comme son plus grand film.


« Fassbinder a réussi là où [les autres] ont échoué, il a filmé de façon virtuose tout un roman. Mieux : il a réalisé un immense film, fidèle à un immense roman. »

Susan Sontag


« Si Fassbinder n'avait rien réalisé d'autre que Berlin Alexanderplatz, il appartiendrait au panthéon du cinéma. »

Andrew Sarris, Village Voice


« Ce fut un privilège pour moi de suivre dès 1976 les premières tentatives concrètes de Rainer pour réaliser cette production. J’ai appris à quel point le roman de Döblin, ses personnages et leur époque lui étaient chers. Maintenant que la restauration est terminée, c’est comme si nous faisions l’expérience d’une symphonie de Mahler : nous traversons un univers dont il faut maîtriser toute la hauteur et profondeur imaginables. Je fus plus d’une fois au bord du désespoir, mais désormais on aperçoit la lumière au bout du tunnel. Grâce à des partenaires et associés innovants, nous avons accompli une double mission : l’héritage cinématographique de RWF est à nouveau visible tel qu’il l’avait imaginé, et nous avons préservé une part de l’héritage cinématographique mondial. Je ne peux qu’espérer que notre exemple crée un précédent. »

Juliane Lorenz, monteuse de Berlin Alexanderplatz,
présidente de la Fondation R.W. Fassbinder




Un projet hors du commun

La chaîne de télévision allemande WDR et R.W. Fassbinder avaient pour projet de réaliser ce film depuis 1976. En 1978, la Bavaria et la chaîne de télévision italienne RAI montent un budget de 13 millions DM (6 millions d’euros) pour produire le film. Le tournage eut lieu entre juin 1979 et avril 1980 à Berlin et dans les studios de la Bavaria à Munich. Le choix de tourner en 16 mm avait des raisons budgétaires, mais aussi pratiques : d’une part, les films pour la télévision étaient souvent tournés en 16 mm sans prévoir d’exploitation sur le long terme, d’autre part, personne ne pouvait anticiper l’ampleur du travail de Fassbinder et l’importance de ce film. Fassbinder décida quelques jours avant le tournage de ne tourner qu’une seule prise par scène. S’il fallait une prise de complément pour des raisons de montage, alors Juliane Lorenz devait choisir laquelle et la faire tourner. C’est dans cette configuration extrêmement souple que le film se tourna. Ainsi, tous les jours, l’équipe pouvait visionner les rushes et poursuivre le travail. Le film fut présenté au Festival de Venise en 1980, comme la première grande coproduction européenne pour un téléfilm. Il fut accueilli avec beaucoup d’admiration. En Allemagne, le film fut diffusé par la chaîne publique ARD à partir du 12 octobre 1980 et créa l’événement. Mais il suscita aussi des réactions controversées car la plupart des téléspectateurs avaient encore à cette époque-là un téléviseur en noir et blanc. Les contrastes sensibles ne pouvaient pas passer comme R.W. Fassbinder les avait conçus, d’autant plus que le transfert du film du 16 mm vers le support de la télévision ne pouvait pas conserver techniquement la luminosité particulière du film. R.W. Fassbinder et son chef-opérateur Xaver Schwarzenberger, qui a supervisé la restauration, étaient conscients d’avoir poussé loin le contraste entre des séquences très sombres et des reflets de lumière éclatants. Le film fut considéré comme trop sombre et programmé à un créneau plus tardif.

En 1983, Berlin Alexanderplatz fut ensuite programmé à New York pendant plusieurs mois et trouva aussi des distributeurs en Europe. Mais le mouvement du Nouveau Cinéma allemand s’acheva avec la mort de R.W. Fassbinder en 1982, au début de l’ère Helmut Kohl. Berlin Alexanderplatz fut alors oublié et il n’y eut bientôt plus de copie disponible. Il s’agit donc d’une véritable redécouverte du film aujourd’hui après restauration.


« J’ai essayé de tourner le noir et blanc en couleurs. Fassbinder et moi aurions préféré tourner en noir et blanc, mais on ne pouvait pas. À l’époque, ce n’était pas possible de coloriser numériquement après le tournage. Nous avons donc essayé de donner l’orientation originale du film par la lumière et la couleur. »

Xaver Schwarzenberger, directeur de la photographie de Berlin Alexanderplatz


Une restauration sans précédent
Dès la première projection de Berlin Alexanderplatz au Festival de Venise, il apparut évident que cette oeuvre serait considérée par la suite comme la plus grande réalisation de R.W. Fassbinder. Le premier but de la restauration a donc été de créer pour la première fois une copie fidèle aux choix esthétiques du réalisateur et à la qualité qu’il désirait mais n’avait pas obtenue, faute de moyens technologiques. De plus, Berlin Alexanderplatz est un élément extraordinaire de l’histoire cinématographique allemande. Ainsi, ce projet de restauration a également été motivé par la volonté d’établir de nouveaux standards technologiques dans ce domaine.

L’oeuvre, tournée en 16 mm, a été restaurée numériquement et en haute définition (2K) par la Fondation Rainer Werner Fassbinder et Bavaria Media GmbH. La restauration a été financée, entre autres, par le German Federal Cultural Foundation et dirigée par Juliane Lorenz, monteuse et présidente de la Fondation R.W. Fassbinder, sous la direction artistique du chef-opérateur Xaver Schwarzenberger. De cette restauration numérique en 2K avec une machine ARRISCAN, ont été tirés, pour la première fois un négatif 35 mm (via ARRI-LASER) et des copies neuves 35 mm, ainsi que des masters HD pour la télévision et les DVD.

L’adaptation de R.W. Fassbinder

R.W. Fassbinder s’est intéressé très tôt au roman de Döblin pour une adaptation au cinéma avec le projet d’en faire un film d’une grande ampleur. En 1931, Phil Jutzi, l’un des principaux représentants du cinéma social post-expressionniste, réalise une première adaptation. Près de 60 ans après, R.W. Fassbinder reprend l’idée de concrétiser ce projet d’une façon tout à fait personnelle. Il connaît le film de Jutzi, ainsi que ses autres films (il avait d’ailleurs repris le sujet de L’Enfer des pauvres, film de 1929 pour son film Maman Küsters s’en va au ciel), mais souhaite aller au-delà d’une simple adaptation.

« Il y a vingt ans environ, atteint par une puberté presque meurtrière, j’ai rencontré, au cours de mon voyage absolument non académique, extrêmement personnel et assujetti seulement à mes associations les plus personnelles, à travers la littérature mondiale, le roman d’Alfred Döblin Berlin Alexanderplatz. J’ai trouvé un des contacts les plus excitants et les plus captivants avec une oeuvre d’art, ma vie même se serait déroulée autrement, qu’elle ne s’est déroulée avec le Berlin Alexanderplatz de Döblin dans la tête, dans la chair, dans le corps en totalité et dans l’âme. »
R.W. Fassbinder


La famille Fassbinder au complet
Berlin Alexanderplatz fut l’occasion extraordinaire pour R.W. Fassbinder de réunir ses acteurs préférés et ses collaborateurs habituels. Ainsi, on retrouve tous ses acteurs dans ce film, notamment Günter Lamprecht (Franz Biberkopf), Barbara Sukowa (Mieze), Hanna Schygulla (Eva) et Gottfried John (Reinhold). Ses proches collaborateurs apparaissent aussi dans des petits rôles : Peer Raben est un chef d'orchestre, Juliane Lorenz est une assistante sociale, Werner Schroeter est Sarug, Harry Baer, habituellement acteur, joue Richard et travaille aux côtés de R.W. Fassbinder qui, lui-même, prête sa voix au narrateur.

La musique de Peer Raben
Peer Raben a composé la musique de plus de 25 films de Fassbinder entre 1969 et 1982. Ils se sont connus à Munich et viennent tous les deux du théâtre. Peer Raben décrit le ton général de Berlin Alexanderplatz comme « une musique qui est belle et qui transmet en même temps une rupture. » Pour Fassbinder qui aimait beaucoup de musiques différentes et venues d’ailleurs, Peer Raben a créé un style en faisant des collages et des superpositions entre musique principale et musique off, entre citations et créations.

« Faire des films avec Fassbinder, c’est comme jouer de la musique ensemble… pour lui, la musique était comme un avant-goût qui introduisait les spectateurs dans son monde d’images. »

Peer Raben

Réalisation : Rainer Werner FASSBINDER

Scénario : Rainer Werner FASSBINDER d’après le roman d'Alfred DÖBLIN avec la collaboration artistique de HARRY BAER

Avec : Günter LAMPRECHT , Hanna SCHYGULLA, Barbara SUKOWA, Gottfried JOHN, Franz BUCHRIESER, Claus HOLM, Brigitte MIRA, Roger FRITZ & Ivan DESNY

Musique : Peer RABEN

Directeur de la photographie : Xaver SCHWARZENBERGER

Montage : Juliane LORENZ & Franz WALSCH

Décors : Helmut GASSNER, Werner ACHMANN & Jürgen HENZE
Costumes : Barbara BAUM

Production : Bavaria Atelier GmbH / RAI, pour la WDR

 

 

 

Réalisateur
Rainer Werner FASSBINDER

Rainer Werner FASSBINDER


Né à Munich en 1945, R.W. Fassbinder grandit seul avec sa mère dans l’Allemagne d’aprèsguerre.

Bien que passionné de cinéma, il s’intéresse d’abord au théâtre et fonde sa propre compagnie, l’Anti Teater, après une première expérience infructueuse. C’est avec cette troupe qu’il réalise ses deux premiers films en 1969. Dans les années 1970, il alterne frénétiquement les productions pour le cinéma, le théâtre et la télévision.
De 1978 à 1982, il tourne les films qui connaissent le plus grand succès : Le Mariage de Maria Braun en 1978, Lola, une femme allemande en 1981 et Le Secret de Veronika Voss en 1982 qui obtient l’Ours d’or au festival de Berlin.

En l'espace de treize années, il est l'auteur d'une quarantaine de films pour la télévision et le cinéma.

Inspirée par l’œuvre de Douglas Sirk, sa production explore essentiellement tous les aspects du mélodrame imprégné de l’Allemagne post-hitlérienne et américanisée des années 1950. Il demeure l’un des plus grands réalisateurs allemands et sa disparition est souvent assimilée à la fin du Nouveau Cinéma allemand.

En 1980, il adapte Berlin Alexanderplatz pour la télévision, une oeuvre hors normes qui apparaît déjà comme l’aboutissement de sa carrière.

BIO-FILMOGRAPHIE


1945
Le 31 mai, naissance de Rainer Werner Fassbinder à Bad Worishofen (Bavière).

1964
Fassbinder interrompt ses études et exerce différents métiers, tout en suivant des cours au Fridl-Leonhard-Studio à Munich.

1965-1966

Le Clochard et Le Petit Chaos, ses premiers courts-métrages.

1967
Fassbinder rejoint l'Action Theater. Premières mises en scène au théâtre.

1968
Fassbinder écrit ses premières pièces. En mai, dissolution de l'Action Theater et création d'une nouvelle troupe, l'Antitheater, composée de fidèles de Fassbinder : Kurt Raab, Peer Raben, Hanna Schygulla, etc...

1969
L'Amour est plus froid que la mort, Le Bouc, Les Dieux de la Peste, Pourquoi Monsieur R. est-il atteint de folie meurtrière ?

1970
Mariage de Fassbinder et Ingrid Caven.
Rio das Mortes, Le Café, Whity, Le Voyage à Niklashausen, Le Soldat Américain, Prenez garde à la sainte putain, Pionniers à Ingoldstadt

1971
Fassbinder fonde sa société de production, Tango Films.
Le Marchand des quatre saisons

1972
Divorce de Rainer Werner Fassbinder et Ingrid Caven.
Les Larmes amères de Petra von Kant, Gibier de passage, Huit heures ne font pas un jour, Liberté à Brême

1973
Le Monde sur le fil, Nora Helmer, Tous les autres s'appellent Ali

1974
Fassbinder prend la direction du Theater am Turm de Francfort pour un an.
Effi Briest, Le Droit du plus fort, Comme un oiseau sur le fil

1975
Maman Küsters s'en va au ciel, Peur de la peur

1976
La pièce Der Müll, die Stadt une der Tod fait scandale. Fassbinder est accusé d'antisémitisme. Il retire la pièce de l'affiche et interdit qu'elle soit jouée de son vivant.
Je veux seulement qu'on m'aime, Le Rôti de Satan, Roulette chinoise

1977
La Femme du chef de gare, Femmes à New York, Despair

1978
L'Allemagne en automne, Le Mariage de Maria Braun, L'Année des treize lunes

1979
La Troisième Génération

1980
Berlin Alexanderplatz, Lili Marleen

1981
Lola, une femme allemande, Théâtre en transe, Le secret de Veronika Voss

1982
Querelle
Le 10 juin, mort de Fassbinder à Munich.

 

 

COFFRET - BERLIN ALEXANDERPLATZ
Produit actuellement indisponible

COFFRET COLLECTOR 6 DVD


6 DVD 9 – NOUVEAU MASTER RESTAURÉ

Version Originale

Sous-Titres Français

Format 1.37 respecté – 4/3 – Couleurs


SUPPLÉMENTS

. Regards sur le tournage (1980 – Couleurs – 44 mn)

un film de Hans-Dieter Hartl

Un document d’époque exclusif sur le tournage de Berlin Alexanderplatz.

. Berlin Alexanderplatz : un film somme et son histoire (2007 – Couleurs – 65 mn), un film de Juliane Lorenz

Près de trente ans après sa réalisation, une commémoration autour de Berlin Alexanderplatz agrémentée de nombreux entretiens avec notamment Günter Lamprecht, Hanna Schygulla…

. Regards sur la restauration (2006 – Couleurs – 32 mn), un film de Julianne Lorenz

Où comment Berlin Alexanderplatz a été restauré en Haute Définition. Un regard inédit sur le film somme de R.W. Fassbinder, complété par de nombreux entretiens.

. Exemples de restauration (7 mn)

Un comparatif avant/après restauration.

. Galerie de photos

. Résumés des épisodes II à XIII (non restaurés) (4 mn)

Les résumés des épisodes précédents, présentés lors des diffusions à la télévision.

. Bande-annonce de Berlin Alexanderplatz Remasterisé

 

Votre avis

 

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Akli AIT-TALEB (Invité)

J'ai découvert FASSBINDER par ce coffret à la suite d'un article de cyril NEYRAT paru dans les cahiers du cinéma. C'est un pur chef d'oeuvre. Tout est beau: l'histoire, le film et la musique incroyablement émouvante de Peer RABEN. Mieux vaut prévenir que l'histoire est triste et qu'on n’en ressort pas indemne. Mais après ça on a qu'une seule envie, c'est de découvrir et de connaître toute l'oeuvre de FASSBINDER. Et aussi de lire le roman d’Alfred DÖBLIN. Merci Carlotta et merci les Cahiers du cinéma!

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