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Le Quai des brumes

Un film de Marcel Carné

Par une nuit ténébreuse, un déserteur du nom de Jean arrive au Havre dans l’espoir de quitter la France. En attendant un bateau, il trouve refuge au bout des quais, dans une baraque autour de laquelle gravitent plusieurs marginaux. Il y fait la rencontre de Nelly, une belle et mystérieuse jeune femme dont le regard le bouleverse. Cette dernière vit dans la terreur de son tuteur, le misérable Zabel, lui-même racketté par une bande de voyous. Par amour, Jean se mêle aux affaires de Nelly et met les pieds dans un engrenage périlleux…

Drame - France - 1938 - 91 min - N&B - VOF

  • À propos

    Avec Les Enfants du paradis, Le Quai des brumes est le chef d’oeuvre qui a consacré Marcel Carné comme l’un des maîtres du cinéma français classique. Par sa reconstitution onirique du port du Havre tout en nuances de gris et son histoire d’amour impossible au coeur d’un épais brouillard, le film diffuse une atmosphère inimitable. Transcendés par les monstres sacrés que sont Michel Simon ou Pierre Brasseur, les dialogues de Jacques Prévert insufflent au récit un air de mélancolie et une poésie du désespoir. Si sa noirceur de ton a valu au film d’être vivement critiqué à une époque où l’optimisme patriotique était de mise, la noirceur de la photographie a permis l’une des plus belles scènes du cinéma, celle où le regard lumineux de Michèle Morgan perce l’obscurité et fait dire à Jean Gabin : « T’as de beaux yeux, tu sais ? ». De retour dans sa version intégrale, restauré en numérique 2K, Le Quai des brumes peut à nouveau livrer son rêve de cinéma !

    UNE HISTOIRE MOUVEMENTÉE

    Le Quai des brumes connaît des débuts difficiles. Découvert par Gabin qui l’apporte à Carné, le roman de Pierre Mac Orlan est adapté par Jacques Prévert. On transpose l’action de Montmartre au port du Havre. Le film, qui doit d’abord être tourné à Berlin dans les studios de la UFA, est suspendu dès que les autorités allemandes découvrent l’attachement de Carné au Front populaire. La firme, contrôlée à l’époque par Goebbels, juge par ailleurs le projet trop « décadent ».

    Le Quai des brumes est finalement tourné au Havre et aux studios Pathé de Joinville, où on reconstitue le port. Le scénario est contrôlé par l’armée avant le tournage et le film est ensuite coupé par le producteur, Grégor Rabinovitch, qui
    demande à Marcel Carné d’enlever tout ce qui est « sale ». La mise en scène d’un soldat déserteur dans une ville sombre est particulièrement mal vue en ces temps de pré-guerre.

    Le film est bien accueilli par le public lors de sa sortie en mai 1938. Mais à la déclaration de guerre, en septembre 1939, il est interdit des écrans car jugé « immoral, déprimant et fâcheux pour la jeunesse ». Cependant, le Comité d’Organisation de l’Industrie Cinématographique, créé en août 1940, permet au film de ressortir sur les écrans dès janvier 1941.

    LA RESTAURATION DU « QUAI DES BRUMES »

    Le Quai des brumes a été manipulé à plusieurs reprises. Le négatif original est incomplet. Pour retrouver la version la plus fidèle possible au souhait de Carné, il a fallu effectuer un long travail de comparaison entre les différents éléments conservés par Studiocanal (négatifs image et son nitrate, lavande nitrate et copie nitrate) et par la Cinémathèque française (copie nitrate qui n’a pu être datée mais qui pourrait correspondre à la ressortie du film en 1941). Heureusement, un élément de préservation tiré en 1938 a pu servir de référence pour reconstituer une version plus proche du montage établi par Carné avant la première sortie.

    La restauration de l’image a consisté à nettoyer le négatif original pour obtenir un nouvel élément de préservation. Le négatif image nitrate était très abîmé : rayé, avec des perforations très endommagées et de nombreuses collures nécessitant d’être renforcées. Le Laboratoire Neyrac Films a réparé et préparé le négatif pour le tirage d’un nouvel élément de préservation (un marron), tiré par immersion. Ce nouvel élément a été intégralement scanné en 2K par le laboratoire Éclair. Après une comparaison plan par plan du négatif avec le marron de 1938, les parties manquantes dans le négatif ont été scannées du marron 1938 afin d’être réintégrées dans le nouveau montage.

    En ce qui concerne l’étalonnage du Quai des brumes, qualifié de « film d’atmosphère » à sa sortie, il était essentiel de retrouver et recréer l’ambiance recherchée par les auteurs du film et le directeur de la photographie. L’étalonnage a été établi à partir de la copie nitrate conservée par Studiocanal qui semblait être un tirage assez proche de la première sortie du film. Il a fallu effectuer un travail exhaustif de documentation pour obtenir des références fiables et retrouver l’étalonnage d’origine. Enfin, l’image a été traitée en infographie.

    Le son a été restauré à partir du négatif son original par L.E. Diapason. L’excellente qualité des éléments nitrate a facilité le travail de restauration. Le format mono d’origine a été respecté et le son, qui a retrouvé sa qualité d’origine, est entendu comme il ne l’avait pas été depuis longtemps.

    « Plus de 70 ans après la première sortie du film, nous avons donc essayé de nous rapprocher le plus possible de la version désirée par les auteurs, Jacques Prévert et Marcel Carné. Nous avons essayé de lire cette histoire contenue dans les éléments filmiques et de rendre au film toute sa splendeur et aux techniciens l’honneur qui leur est dû. Travailler sur ces images et ce son a été un bonheur et un privilège. »
    Camille Blot-Wellens – Responsable de la restauration pour la Cinémathèque française

  • Crédits

    Réalisation : Michel CARNÉ
    Scénario : Jacques PRÉVERT, d’après l’oeuvre de Pierre MAC ORLAN
    Avec : Jean GABIN, Michèle MORGAN, Michel SIMON, Pierre BRASSEUR, Robert LE VIGAN
    Musique : Maurice JAUBERT
    Directeur de la photographie : Eugène SCHÜFFTAN
    Costumes : Coco CHANEL
    Montage : René LE HÉNAFF
    Production : Gregor RABINOVITCH

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